Xinnanhai – Une cité privée dans la Chine communiste.
Le nom de la ville signifie « la nouvelle mer du sud » puisqu’elle est située dans le delta de la rivière des perles. Son drapeau représente une perle sur la rivière, mais aussi les trois vertus de la ville arcologique: air pur, eau pure, nouriture pure. En effet à cette époque la megalopolis du sud de la Chine est devenue l’un des endroits les plus pollué du monde.
Xinnanhai fait partie d’un projet plus vaste appelé Paradeisos. Il raconte le début d’une utopie écologique, le monde partagé, dans la seconde moitié du XXIe siècle. L’humanité vit donc dans des « jardins clos » urbains, tandis que la plus large partie de la Terre retourne à l’état de nature vierge.
Cette cité futuriste doit servir a developper des histoires courtes ou des récits plus longs, sur un mode cyberpunk « high tech, low life » alors que d’autres régions du monde auront réussi l’exact inverse: « high life, low tech ».
Historique
Pour renflouer l’état chinois en faillite, la convention de 2042 autorise la création de nouvelles Zones Administratives Spéciales pour acceuillir les investissements étrangers. (conformément à une clause de la convention, il est interdit d’employer le terme de « concession »). Un conseil d’administration corporatiste, la Delta Lodge holding (dite la loge) lance la construction en 2049. Officiellement, la ville se rattache à la Zone économique spéciale de Zhuhai. A 10 kilomètres au nord de Macao, tout près du pont Hong kong – Zhuhai – Macao, le terrain est alloué par le gouvernement chinois pour 99 ans. La ville nouvelle de 50 000 habitants est bâtie sur un polder anticipant l’élévation en cours du niveau des océans.
La ville propose une combinaison unique de résidences de luxe et de centres de recherche high tech. La majorité des employés-résidents sont des étrangers qui occupent des emplois de cadres, ingénieurs et de techniciens spécialisés. Ils bénéficient à XinNanhai d’un cadre fiscal et juridique extra-territorial très avantageux par rapport à la Chine continentale.
La ville haute – Arcologie et super-structure.
La ville a été conçue au départ comme démonstrateur d’une station spatiale autonome à grande échelle. Sa partie haute acceuille une arcologie permettant a ses habitants de vivre et travailler de façon autarcique. En effet, les compagnies de la Delta Lodge sont des acteurs importants de la conquête spatiale privée et travaillent avec les gouvernements asiatiques. Des bâtiments massifs sont reliés entre eux par une méga-structure fermée de 5 km de long sur 3 km de large. Un réseau d’épuration d’air et d’eau et de fermes hydroponiques assure l’auto-suffisance de la partie haute. La population dispose d’un vaste ensemble de logements, de bureaux, de centres commerciaux et de loisirs reliés par des rues intérieures, des promenades, des jardins et des places, un métro. Ces espaces privatisés sont compartimentés selon le rang du résident (Platinium, Gold, Silver ou Bronze).
Les zones de loisirs incluent des parcs thématiques comme « l’air pur des Tianshan » et ses eaux thermales revigorantes ou encore « le village tyrolien de Heidi » et son zoo alpin. On peut y respirer un air pur et parfumé de senteurs naturelles qui évoquent les lieux suscités. De fait, les seuls espaces ouverts sur l’extérieur sont les sommets des plus hauts immeubles. Ce sont des terrasses comprenant des piscines, des boites de nuit ou des restaurants de luxe actifs les jours ou l’air est de bonne qualité. Les fenêtres sont rares dans la ville et tout est fait pour que les habitants soient à l’aise à l’intérieur. La police de la loge se flatte de posséder un taux de criminalité parmi les plus bas au monde.
La ville basse et l’infra-structure.
L’autre moitié de la population vit dans les immeubles ordinaires coincés entre les replis de l’infra-structure. Les habitants occupent des emplois de services et de maintenance peu qualifiés. Leur permis de travail est limité à 10 ans maximum. Si les salaires sont bons, le cadre de vie ne l’est pas: ces quartiers ne sont pas raccordés aux réseaux de qualité supérieure de la ville haute. Pourtant, la Delta Lodge a l’obligation légale de fournir un service basique d’eau, d’air et d’énergie mais celui ci est insuffisant et souvent défaillant. Pire, la partie basse reçoit des émissions polluantes et toutes sortes de rejets toxiques.
En conséquence, les habitants dépensent une bonne partie de leurs revenus en filtres. L’air extérieur, quoique respirable, est dangereux sans un masque filtrant. A tel point que l’espérance de vie sans dispositif d’épuration de bonne qualité est estimée à seulement 20 ans dans la ville basse. Les lieux de détente typiques sont des bars à air, comme le luxueux « Air de Paris » ou le plus populaire « 575 haïku Club ». La ville basse rappelle la célèbre Kowloon walled city de Hong Kong par sa densité humaine et son insalubrité. Cependant, la très libérale police de la loge limite ses interventions aux crimes et tolère le marché noir.
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La Delta Lodge
La mégalopolis du delta de la rivière des perles.
Au début du XXIéme siècle, la Chine entreprends de créer sa Silicon valley dans le delta de la rivère des perles. Le projet s’appelle Great Bay Area (大湾区). Il prévoit une répartition des roles pour les villes: Hong Kong sera le centre financier, Shenzhen le pole technologique, Macao pour les loisirs et Guangzhou (Canton) pour l’industrie.
En 2063, le delta de la rivière des perles est devenue la plus grande agglomération du monde, la mégalopolis compte plus de 80 millions d’habitants. Ses villes sont reliées par le plus grand réseau de transport rapide urbain du monde. Elle cumule les places de premier port et de premier centre financier mondial. L’industrie de haute technologie (IA, robotique, informatique quantique) et les centres de recherche font partie des meilleurs mondiaux.
Mais La situation écologique locale n’a fait qu’empirer depuis le début du siècle. La pollution de l’air est surtout due à des actions humaines et des catastrophes naturelles causées par l’homme. Des tempêtes de poussière viennent du Fleuve Jaune et du nord de la Chine suite à l’échec écologique de la grande muraille verte. Tandis que la persistance des véhicules à moteurs thermique, du charbon et les feux de bois toujours en usage dans les régions rurales rends l’air irrespirable en hiver. Enfin, les feux de forêts en Sibérie ou en Asie du sud est et les rejets industriels locaux aggravent le tout.
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Xin Nanhai et à l’arrière-plan la zone économique spéciale de Zhuhai.
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Chronologie de 2019 à 2063, la fin du « rêve chinois ».
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2019 – 2020
Le gouvernement local de Hong Kong a toujours refusé de céder aux « 5 demandes » de la population. Le mouvement démocratique prends fin avec la nouvelle loi de sécurité dictée par le gouvernement de Pékin. Les protestataires sont déchus de leurs emplois ou de leurs logements. Des rumeurs font état de faux suicides et de déportations dans des camps de rééducation sur le continent. Le principe « un pays, deux systèmes » est maintenu en facade pour ne pas pénaliser l’économie mais dans la pratique la liberté d’expression et la démocratie sont controlées depuis Pékin.
2021
La République Populaire de Chine envahit Taiwan. Les opérations militaires sont rapides et victorieuses alors que les USA n’ont pas su ou voulu réagir à temps. Humilié, le président Trump admet finalement le fait accompli en échange d’un nouveau traité commercial plus avantageux. Cela déclenche un départ des capitaux étrangers de Chine. Le parti considère ces conséquences néfastes comme une étape nécessaire pour le rétablissement de la souveraineté chinoise à Taiwan.
2022 – Triomphe de Xi Jinping
Xi Jiping se fait acclamer « grand unificateur » de la Chine au XXème congrès du parti communiste chinois. En plein triomphe politique, il est réélu à l’unanimité pour son troisième mandat de premier secrétaire. L’iconographie officielle le met à l’égal de Mao comme père de la nation et de la révolution. Xi fait inscrire dans la constitution sa doctrine du « parti-état » au dessus de la société: « un parti, un pays, un système ».
2023-2028
La crise économique à des conséquences importantes et le « rêve chinois » commence à pâlir. Pour la première fois depuis les reformes de Deng Xiaoping, le pays entre en récession.
A l’intérieur, le parti avait fondé sa légitimité en garantissant au peuple la prospérité matérielle en échange du contrôle strict des libertés publiques. Il perds le soutien d’une partie de la population appauvrie par la crise. A Taiwan et Hong Kong, les protestataires réclament toujours la démocratie et la liberté d’expression. Dans le reste du pays, des manifestants demandent la fin de la censure, du crédit social et de la reconnaissance faciale.
A l’extérieur, l’immense réseau de routes commerciales trans-continentales One belt, one road tourne au ralenti. De nombreux pays ne sont plus en mesure d’acheter des produits chinois et de rembourser leurs emprunts auprès de la Chine. Celle ci voit ses énormes investissements perdre leur valeur. Ainsi, le miracle des marchés « gagnant-gagnant » est devenu un gouffre « perdant-perdant ».
2029 – « la cinquième modernisation »
Le premier secrétaire Xi Jiping prends sa retraite avant la fin de son quatrième mandat, poussé vers la sortie. Le parti n’a d’autre choix que d’entamer une démocratisation afin d’apaiser les troubles politiques. Il lance le nouveau mot d’ordre de « La cinquième modernisation », la démocratie. Pour la première fois, de véritables élections sont organisées dans les provinces autonomes du Tibet et du Xinjiang.
2031
Des tensions surgissent entre la Chine et son allié russe dans la région Arctique. En effet, la Russie reproche à la Chine une volonté hégémonique à travers ses investissements. Elle renationalise l’aéroport de Norilsk et expulse 500 000 travailleurs clandestins chinois d’extrême-orient. Les représailles chinoises restent limitées pour conserver l’alliance de la Russie.
2033
Signe du changement d’époque, le parti cherche des compromis pour conserver le pouvoir. Il accepte le retour du principe « un pays, deux systèmes » à Taiwan. Peu après, les Zones Economiques Spéciales obtiennent des libertés équivalentes. Suite à ces reformes, les investissement étrangers reviennent et la situation économique s’améliore. Cependant la Chine n’est plus forte comme au début du siècle, elle doute de son système politique vacillant.
2039-2041 – Crise de succession à la tête du Parti
Le dirigeant du parti de Chongqing Gu Biao et Wang Shanshan de Ghangzhou s’affrontent pour le poste de premier secrétaire. Les généraux prennent parti pour l’un ou l’autre, poussant le pays au bord de la guerre civile. Wang est fusillé par l’armée et Gu devient premier secrétaire. Au 24éme congrès, Le parti évite l’explosion en autorisant des courants politiques en son sein.
2047
La région administrative spéciale de Hong Kong devient une république autonome. Elle retrouve son statut spécial « un pays, deux systèmes » l’année meme ou il aurait du finir. Sur place, les habitants parlent désormais ouvertement d’indépendance.
2049
Le centenaire de la République Populaire de Chine est célébré avec faste mais sans enthousiasme. Malgré la prospérité retrouvée, le pays est fractionné en puissances provinciales rivales. De nouveaux hommes forts issus du parti s’emparent d’entreprises publiques et de comités locaux. Tout en prétendant maintenir l’unité du pays, ils agissent d’abord pour leur intérêt personnel. Le peuple chinois craint un retour aux périodes troublées de l’histoire chinoise.
Le gouvernement régional du Guangdong et la Delta Lodge Holding lancent la construction de Xin NanHai à Zhuhai. Ce micro-état d’inspiration libertarienne sert de modèle dans d’autres régions côtières.
2050-2063 – Fin du parti et de la République populaire
La Chine traverse une série noire de crises politiques sur fond de vieillissement de la population et de délabrement écologique. De fait, le parti unique et l’état-parti n’existent plus que théoriquement. Le 26 éme congrès de 2052 échoue a élire un nouveau premier secrétaire puis le poste est supprimé. Les décisions sont dès lors prises par le comité central à la majorité. En conséquence, l’état et le gouvernement sont paralysés par les rivalités internes.
Le premier mai 2059 à Pékin, la foule pille Zhongnanhai, devant l’armée qui n’intervient pas. Deux jours plus tard, les manifestants proclament la troisième république de Chine sur la place Tian’anmen. Tandis que les valeurs traditionnelles du confucianisme reviennent au premier plan dans le pays, le marxisme-léninisme-maoisme est désormais considéré comme une idéologie étrangère.
Hong Kong et Taiwan proclament leur indépendance et le retour de la démocratie en 2061. Elles se déclarent républiques-sœurs de la nouvelle république de Chine.
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pic de pollution sur le delta de la rivière des perles.
A propos.
J’ai commencé ce projet en 2012 de retour d’un séjour en Chine continentale et à Hong Kong. A cette époque le thème de « l’airpocalypse », la pollution atmosphérique, était très présent dans l’actualité chinoise. La visite de Wuhan noyée dans un brouillard hivernal incroyablement dense m’avait particulièrement impressionné. L’air très sec semblait avoir un gout particulier.
J’en ai parlé avec un ami artiste, David Blasco, qui avait réalisé un court-métrage en animation 3D nommé « Anaérobie » qui se déroule dans un monde futuriste à l’air toxique et irrespirable. Nous avons travaillé ensemble à un nouveau scénario.
Le héros était un ouvrier âgé qui voulait quitter la ville avant de mourir mais avait besoin de se procurer une grande quantité d’air pur pour son voyage. Il échafaudait patiemment un plan pour y parvenir.
Le mouvement démocratique de Hong Kong en 2019 m’a poussé à actualiser cette vision pessimiste du futur. La Chine actuelle est un état autoritaire qui a poussé la censure, le contrôle social et la répression de sa population à un niveau inédit dans l’histoire. Tout ceci n’apparaissait pas aussi clairement en 2012.
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